16 - Oeils magiques -

On nous pardonnera cette faute pour l'emploi "d'oeils" au lieu "d'yeux", mais nous n'avons jamais pu nous résigner à évoquer des "yeux magiques" au sujet de postes radio qui n'en comportent qu'un.

D'ailleurs le grand dictionnaire LAROUSSE, fin du siècle dernier, admet que, parfois, on trouve "oeils". De toutes façons ce qui est magique ne se discute pas : on y croit... un point c'est tout. "Moi monsieur j'ai vu, oui, de mes yeux vu...". Bon ça suffit, baptisé trèfle cathodique par certains qui croient en leur chance, oeil magique par ceux qui... (voir ci-dessus), les plus doctes disent que c'est un indicateur d'accord... Nous ne prendrons pas parti devant la petite troupe menaçante des cyclopes de la photographie...


les cyclopes

Jusque vers 1935 l'accord précis des récepteurs, tout au moins pour ceux disposant d'une commande de gain automatique (VCA), utilise soit un milliampèremètre soit une combinaison de tubes néon (Tunoscope).

En 1936 arrivent les 6E5 (aux U.S.A.) et EM1 PHILIPS. Hormis le support, américain 6 broches pour l'un et transcontinental pour l'autre, la principale différence réside dans l'apparence de la zone lumineuse en bout du tube :


6E5  et  EM1


6E5 et EM1

Le disque lumineux du 6E5 présente un seul secteur d'ombre qui passe de 90 degrés, sans signal reçu, à une fermeture progressive donnant un cercle complet sur une station puissante.

Cette forme circulaire, avec un cache au centre, rappelle l'aspect d'un oeil.

Du coté du EM1 on trouve, pour les mêmes conditions de réception, quatre secteurs lumineux, en forme de trèfle à quatre feuilles, séparés par quatre zones d'ombre, dont les bords finissent par se rejoindre à l'écoute d'une station puissante.




L'inconvénient, commun à ces deux tubes, est d'être peu sensibles et, au contraire, rapidement saturés par la réception d'une station tant soit peu puissante.

Qu'à cela ne tienne, on sort, en Europe le EM4, et 6G5-6U5 aux USA, ces derniers étant identiques au point que certains exemplaires portent la double numérotation.

Par rapport à leurs prédécesseurs ils sont utilisables à tous les niveaux de réception, grâce à la pente variable de la partie triode du tube, où l'utilisation de deux triodes de sensibilités différentes agissant l'une après l'autre.

A partir de cette nouvelle génération, et jusqu'à la fin des années 40, on assiste à une éclosion de nombreux modèles qui diffèrent le plus souvent uniquement par le type de culot et la tension de chauffage :


en vrac...


En vrac... EFM1 - EM71 - EM80 - 6AF7 - DM70 - EM87



Quelques originaux se remarquent plus particulièrement :


6AL7GT


6AL7GT



Si la famille des tubes miniatures ne compte pas d'indicateur d'accord dans ses rangs, nous en trouvons deux, pratiquement identiques, dans la série subminiature : DM70 pourvu de fils souples, assez longs pour être soudes directement sur les circuits du récepteur et DM71 muni de fils courts, prévu pour montage sur un support analogue aux tubes classiques, bien que nettement plus petit.


DM70/DM71


DM70/DM71

Ces deux tubes sont employés vers 1953/1955 sur les récepteurs portatifs dont les lampes sont alimentées par piles 1,5 volt filaments et 67 ou 90 volts pour les plaques. La cible lumineuse en forme de ! (point d'exclamation) est située latéralement sur la hauteur du tube et non plus en bout comme habituellement. Les longueur et luminosité varient avec la tension de la grille de commande.

Ces deux tubes préfigurent la disposition générale de la dernière série (novale) d'indicateurs d'accord qui voit le jour à partir de 1955. En raison du diamètre restreint des tubes de la famille novale qui limite a peu de choses une hypothétique zone lumineuse, ainsi que de la présence du queusot de vidage en haut du tube, il est difficile de placer la cible au sommet. On reprend donc la disposition latérale des DM70/71 et la forme en "oreille de lapin" allongée qui conviennent bien a la verrerie novale. Le EM80 réunit ces deux caractéristiques et est rapidement suivi des EM81 et EM85 qui apportent quelques améliorations sur la dimension de la cible ou la sensibilité. Cette fois la référence à "l'oreille de lapin" est pleinement justifiée comme le confirme la photographie suivante.


EM80


EM80

Au fait est-ce qu'une éventuelle forme en "patte de lapin" aurait plus porté chance que le "trèfle a quatre feuilles" ? La question reste sans réponse.

D'autres tubes, également avec la cible latérale, suivront, mais cette fois avec un ou deux rubans lumineux, cette dernière version étant plus particulièrement utilisable sur les récepteurs FM, comme le 6AL7GT puis EM84 en 1959 avec deux rubans suivi en 1965 par le EM87 du même type.

D'autres références suivront... EM800 - EMM801 - EMM803, mais elles ne résisteront pas longtemps aux rangées multicolores des diodes L.E.D. qui envahissent tout le matériel HI-FI.

En plus de leur emploi fondamental en indicateur d'accord il est parfaitement possible d'utiliser tous ces tubes comme une triode conventionnelle. Témoin le "grid-dip" que nous utilisons, depuis les années cinquante, pour régler les circuits accordés : réalisé suivant un schéma très en vogue à ce moment, il emploie un EM85 qui cumule les fonctions d'oscillateur et d'indicateur du "dip", ce jusqu'à plus de 200 MHz via des selfs interchangeables. Un amateur les utilisera même en émission... de petite puissance bien sûr.

<<< Plan >>>