14 - Nonodes -

Diode... Triode... Tétrode... Pentode... Hexode... Heptode... Octode...

Les deux électrodes de la valve de FLEMING, à la fin du siècle dernier, sont progressivement arrivées aux huit électrodes de la CK1/AK1, octode PHILIPS apparue au début 1934.

Puis quinze ans pour parvenir aux neuf éléments de la petite dernière... La nonode...

A la fin des années 40, le développement rapide de la modulation de fréquence demande un tube spécialisé dans la détection de ce genre d'émission.


EQ80-310

Résultat, la EQ8O en Europe et la 6BN6 aux Etats-Unis sont deux nonodes, bien que les lexiques de lampes de l'époque représentent la 6BN6 sous la forme d'une pentode à embase miniature sept broches. Par contre l'architecture interne de la EQ8O, réalisée sur une embase novale, est bien celle attendue d'une nonode : une cathode, sept grilles et, bien sûr, la plaque. Le montage de ces neuf éléments, concentriques à la cathode placée au centre, respecte la présentation des tubes classiques, et il faut insister sur le grand soin exigé par l'assemblage de toutes ces électrodes très proches les unes des autres. Il est parfaitement possible d'utiliser ce tube comme une banale pentode amplificatrice de tension basse fréquence attaquée sur la première grille, ce qui confirme que nous sommes en présence d'un tube conventionnel quant à son mode de contrôle. Maintenant, en FM, les choses sont moins orthodoxes : on applique une tension modulée en fréquence sur la grille 3, un circuit accordé relié a la grille 5 module également le faisceau d'électrons, avec un courant plaque fonction de la variation de phase entre les signaux appliqués aux deux grilles. La tension BF désirée est recueillie aux bornes de la résistance de plaque, la grille 1 restant disponible pour une éventuelle commande de "silencieux" en l'absence de signal.


des nonodes ?


Des nonodes... ? ... EQ80... 6BN6... et ... ? ... réponse ci-dessous




La 6BN6 présente par contre une construction radicalement différente : on y retrouve pêle-mêle un peu des tubes classiques, de la tétrode a faisceaux dirigés, et enfin du tube oscilloscopique.

D'abord une cathode conventionnelle puis un ensemble de plaques de déviation formant les paquets d'électrons en un mince faisceau à la manière d'un tube cathodique.

Après une électrode d'accélération et une de concentration on trouve une grille de commande dont l'action s'exerce en "tout ou rien" au lieu du mode progressif habituel.

Suit une grille de séparation et, de nouveau, une grille de commande agissant également en "tout ou rien" sur le faisceau d'électrons, la plaque habituelle et, entourant cette dernière ainsi que la deuxième grille, une électrode de blindage.

Soit un total de neuf électrodes pour mériter (?) le nom de nonode. Tout ceci rappelle la construction des tubes d'oscilloscopes, et, en y regardant de plus près, la 6BN6 ressemble aussi à un thyratron dont elle présente la structure en boite fermée : beaucoup plus de plaques et tôles diverses que de fils et grilles de contrôle. Une comparaison, côte à côte, avec un thyratron 2D21 (l'intrus de la photo...) confirme cette impression. Cataloguée nonode par certains, d'autres la définissent comme "gated beam tube" (tube à faisceau découpé) ce qui nous parait plus proche de la réalité. Dans la pratique son fonctionnement est assez voisin de celui de la EQ80. Le signal modulé en fréquence, appliqué à la première grille de commande, module par tout ou rien le faisceau et excite, par couplage électronique, un circuit accordé relié à la deuxième grille également appelée grille de quadrature. A nouveau le courant de la plaque collectrice, fonction des relations de phase entre les deux grilles est transformé en tension basse fréquence par une résistance en série, suivie d'un filtre passe-bas rudimentaire.

Dans le schéma d'application habituel de ce tube, rappelé ci-dessous, rien n'évoque la structure interne d'une lampe qui cache bien son jeu. Un autre emploi possible de la 6BN6 est la transformation de signaux sinusoïdaux en rectangulaires à la manière d'un "trigger de Schmitt" en mettant a profit la commande par tout ou rien du courant plaque.

De même l'extraction des signaux de synchronisation télévision, par écrêtage, est du domaine d'emploi de ce tube original.

Ainsi se termine l'évocation d'une famille, au demeurant peu nombreuse, qui sera d'une diffusion limitée, les discriminateurs à diodes prenant vite le dessus. En plus de cela la dénomination "nonode" à un petit parfum "rétro"... Avant de tourner la page (ou plutôt en la tournant), on trouvera la notice R.C.A. consacrée aux 3BN6/6BN6, dont la mention "Beam tubes" confirme bien que nous abordons le domaine où les tubes utilisent d'une manière différente l'émission électronique... et encore ne faut-il pas confondre avec les lampes dérivées de la 6L6... il y a "beam" et "beam"...





catalogue R.C.A.

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