9 - Bizarre -
En marge des tubes conventionnels, certains se font remarquer, parfois par leur aspect ou un emploi inhabituel.
Pour débuter : le 3DX2/800 PHILIPS ressemble assez à une double tétrode VHF du genre 832/QQE04-20... l'ennui est qu'il possède TROIS sorties sur le dessus. C'est le seul tube que nous connaissions présentant cette particularité. Réalisé pour le STTA Français vers 1948 il ne figure sur aucune de nos documentations ; toutefois en suivant la classification des tubes PHILIPS il semble être un triple redresseur HT à remplissage gazeux capable de supporter 2000 volts 800 mA.
Continuons dans les curiosités anatomiques :
- 11E2, tube sans grand intérêt si ce n'est la sortie plaque LATERALE a mi-hauteur du bulbe
- CK5517 RAYTHEON redresseur THT à cathode froide avec remplissage gazeux par un queusot latéral incongru... quasiment des frères siamois...
Si quelques tubes prennent parfois des aspects curieux, certains composants se plaisent a imiter l'aspect des lampes qu'ils ne sont pas.
Il est en effet commode de placer dans les verreries ou boîtiers métalliques des lampes les accessoires que l'on veut soustraire à l'action néfaste de l'air ambiant (humidité/oxydation), un remplissage de l'ampoule par un gaz inerte étant habituel. De plus l'utilisation d'une embase octale, miniature ou novale permet un montage-démontage aisé facilitant la maintenance :
- QUARTZ 6200 kcs. sur embase octale, sert de référence dans les émetteurs Américains BC456
- relais temporisés, sur embase octale plastique, ou miniature tout verre, ils retardent la mise sous tension d'un circuit par fermeture d'un contact après 20 à 40 secondes de chauffage d'une bilame via une résistance bobinée. Certains modèles sont réglables en durée au moyen d'une vis tendant plus ou moins un ressort
- 2AC15 et 5DC5 de TERMOSEN (KALOTRON) : il s'agit ici de simple diodes "saturées" utilisées dans certains stabilisateurs de tension (cf. Electronique Industrielle Octobre 1962)
Leur délicate architecture de fils tendus en travers de lamelles mérite un instant d'attention.
Présentés dans une petite ampoule de verre, sur un ancien culot a 4 broches dont le couvercle se dévisse, les thermo-couples PHILIPS TH1 à TH5 sont des auxiliaires précieux pour la mesure des courants alternatifs.
Dans "Mesures Electroniques", Alfred HAAS les cite comme étalons de transfert permettant de ramener les mesures en HF à des mesures en courant continu. Le couple thermo-électrique de cette série délivre 12 millivolts pour des courants de 10 à 200 mA (suivant modèle) traversant l'élément chauffant.
La résistance du couple thermo-électrique est de 3 ou 5,5 ohms. Ces thermo-couples déjà répertoriés au "Vade Mecum Brans" 1948 sont encore mentionnés au catalogue du "Pigeon Voyageur" 1961/62 (prix 30,06 Francs...). La Sté GUERPILLON utilise un modèle analogue dans son thermo-couple TC1O1. La photo présente ces composants souvent utilisés dans les ampèremètres d'antenne des émetteurs, et dont la non linéarité des graduations du cadran est très caractéristique.
Un peu plus récent le B13-S256 regroupe, dans une ampoule subminiature classique, un élément chauffant et une thermistance. Pour une tension appliquée variant de 0 à 5 volts, la thermistance voit sa résistance passer de 350 à 70 ohms. Ci-dessous on trouve, très agrandie, la disposition générale de ce bolomètre a chauffage indirect.
Au titre des curiosités on trouve les différences sensibles de dimensions entre les tubes de même référence mais de marques différentes : si pour la triode 6F5, destinée à l'amplification BF à grand gain, certaines variations dimensionnelles sont sans signification, il y a gros à parier que les capacités internes des diverses 6K7 de la photo ne sont pas les mêmes... cette lampe étant utilisée pour l'amplification haute fréquence, un réalignement des circuits est à conseiller au changement de tube. Pareil pour la double diode 6H6 qui offre quelques "variations sur un thème connu" ; allant même jusqu'à coucher à 45° les deux éléments pour certains tubes.
La pentode 89, amplificatrice BF de puissance, présente l'originalité d'être prévue pour utilisation suivant diverses configurations :
- en triode classe A, grilles 2 et 3 reliées à la plaque
- en pentode classique classe A, grille 3 reliée à la plaque
- en triode classe B, les grilles 1 et 2 reliées ensemble formant la grille de commande, la grille 3 reliée à la plaque
Au mieux ce tube, seul, délivre 3,4 watts sous 250 volts plaque
La 59, un peu plus puissante, fonctionne de la même manière, ainsi que la tétrode 46 qui est capable de sortir 20 watts, mais en push-pull il est vrai.
Maintenant quelques tubes isolés, sans lien de parenté, mais intéressants :
- 17A pentode amplificatrice VHF sur culot octal, dont la verrerie est aplatie en forme de champignon ; quatre sont utilisées dans l'émetteur-récepteur VHF ARC5. Elle sera, un temps, concurrente des 6AC7/6AK5 dans les récepteurs de radars. En fait c'est pratiquement une 6AK5 montée à plat sur un support octal
- CK1 tube de la série transcontinentale "jaune", première octode, en 1934, qui marque une date dans les changeurs de fréquence modernes
- 715B tétrode de puissance utilisée dans les modulateurs d'impulsions pour radars, du type "interrupteur à vide" par opposition au type "ligne à retard". En raison des contraintes imposées à la grille de commande, celle-ci est dorée. Egalement référencé 5D21 ce tube peut délivrer des impulsions de 100kW
- PTT3 triode de marque S.I.F. avec construction particulière de la plaque et de la grille , par éléments en vis à vis positionnés par un assemblage de tiges de verre, culot spécial à broches courtes, dorées
La 2216 pose un autre genre de problème ; à savoir le "pourquoi" de ce tube fabriqué par VISSEAUX pour le Service Public à la fin des années trente si l'on en croit les indications portées sur l'ampoule (6-39), ainsi que le décor du carton d'emballage montrant une lampe octale. Il s'agit d'une triode avec support 4 broches, analogue à celui des triodes TM, qui, bien que munie d'une cathode moderne a chauffage indirect (4 volts 220 mA), ne brille pas par ses performances.
Sous 80 volts plaque on obtient seulement 5 mA avec une tension grille de + (plus) 1,2 à 1,7 volt selon les exemplaires, ceci pour un cut-off de -3,5 à -4,5 volts ; la caractéristique Ip/Vg des tubes étant à mi-chemin entre celles des vénérables R36D et A409, quinze ans plus tôt. Diverses mesures donnent une pente moyenne de 1,1 mA/V (Vp 80 V) qui ne change pratiquement pas en alimentant ces tubes sous 200 volts, la famille des courbes Ip/Vg repassant bien sur du coté des tensions négatives. Il s'agit peut-être d'un tube réalisé pour remplacer d'anciennes lampes sur des équipements dont on voulait assurer, pour d'obscures raisons, le fonctionnement ; ceci étant motivé par le "Service Public".
Continuons avec les 11K7 et 11E8, comparables aux 6K7 amplificatrice HF et 6E8 changeuse de fréquence conventionnelle, sauf leur chauffage 11 volts, différence assez curieuse vis à vis de 12 volts. La particularité est signalée par un anneau rouge du plus bel effet, avec la mention "Service Public" gravée sur les tubes ; ceci explique peut-être cela... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué... ? ...
Pour l'anecdote la 14W7 fabriquée par la M.B.L.E. (Manufacture Belge de Lampes Electriques) sous la marque ADZAM (MAZDA n'est pas loin...), encore une histoire Belge...
A son coté la 10P35 à laquelle il n'y a rien à reprocher, si ce n'est son embonpoint... elle déborde largement du support transcontinental.
Une pause avec la photo d'un petit troupeau de bêtes à cornes au demeurant très paisibles :
